Le syndrome de Diogène est un trouble du comportement encore méconnu du grand public. Les principaux symptômes du syndrome de Diogène se traduisent par une accumulation compulsive d’objets, associée à une négligence de l’hygiène personnelle et du logement, ainsi qu’à un isolement social aigu. Cet isolement social, couplé à un déni qui empêche la personne atteinte de prendre conscience de sa situation, rendent très compliqués son diagnostic et plus encore sa prise en charge.
Il touche principalement les personnes âgées isolées, mais on observe depuis quelques années que la moyenne d’âge est en baisse constante, car des jeunes personnes sont de plus en plus victimes de ce trouble. Dans la suite de cet article, nous passons au crible les symptômes de ce syndrome difficile à traiter et à diagnostiquer.
Quels sont les symptômes du syndrome de Diogène ?
Le syndrome de Diogène se caractérise par quatre symptômes principaux, que sont l’accumulation extrême d’objets hétéroclites, la négligence de l’hygiène corporelle et domestique, un isolement social prononcé, et un changement profond de personnalité.
Il n’existe pas de chiffre officiel sur le nombre de personnes atteintes du syndrome de Diogène en France. Toutefois, certaines sources estiment qu’il s’agirait d’une personne sur deux mille, soit approximativement trente mille individus.
Ce phénomène serait en augmentation, en particulier dans les zones les plus densément peuplées. Dans la capitale notamment, le nombre de signalements pour insalubrité liée au syndrome de Diogène aurait été multiplié par sept en une décennie.
Il faut néanmoins rester prudent avec ces estimations, car ce trouble du comportement est par essence ardu à diagnostiquer et à recenser, du fait de l’isolement et du déni des personnes atteintes.
Le syndrome de Diogène est classé en deux formes : primaire et secondaire.
La forme primaire correspond à un trouble isolé, qui n’est pas lié à une autre pathologie, tandis que la forme secondaire correspond à un trouble consécutif ou concomitant à une autre pathologie.
Les causes du syndrome de Diogène ne sont pas clairement établies. En effet, il s’agit d’un trouble complexe qui peut être associé à d’autres maladies mentales, comme la dépression, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), la schizophrénie, mais aussi à certaines addictions, ou encore certaines formes de démence.
Il est aussi très fréquemment déclenché par un choc émotionnel, comme le décès d’un proche, une séparation, une perte d’activité professionnelle (chômage ou retraite) ou encore un changement brusque et profond de situation personnelle.
La durée qui sépare ce traumatisme des premiers signes d’apparition des symptômes d’un syndrome de Diogène peut parfois être très longue, le traumatisme à l’origine du syndrome pouvant parfois remonter à l’enfance pour certaines personnes atteintes.
Les symptômes les plus fréquents du syndrome de Diogène : une accumulation d’objets et de déchets hétéroclites, inutiles ou hors d’usage.
Il s’agit d’une forme extrême de syllogomanie ou trouble d’accumulation compulsive. La personne atteinte éprouve une difficulté persistante à se séparer des objets qu’elle entasse, même si elle n’en a pas ou plus l’utilité. Elle se crée ainsi une bulle de protection avec ces objets, qu’elle refuse d’évacuer. Les objets accumulés, dont la valeur monétaire ou utilitaire peut être nulle, finissent par encombrer le lieu de vie au point de le rendre insalubre et difficilement, voire plus du tout, habitable.
En effet, l’entassement des objets viendra dans de nombreux cas empiéter sur l’espace de l’habitat, jusqu’à condamner l’accès à certaines pièces du logement dont la surface de vie se limitera à une portion congrue. Les objets et les déchets pourront parfois envahir la cuisine, la salle de bains ou encore les toilettes. Ce qui entrainera ou amplifiera ici une dégradation sensible de l’hygiène personnelle comme domestique de la personne atteinte par le syndrome de Diogène.
La submersion d’objets peut être telle que les ouvertures vers l’extérieur, fenêtres et portes en viennent à être recouvertes, ce qui compliquera d’autant l’aération des pièces et aggravera plus encore l’insalubrité du logement.

Tous ces éléments auront malheureusement de nombreux effets délétères. Comme la dégradation du logement et un danger sanitaire croissant, des risques sensiblement accrus d’incendie, d’inondation, et dans certains cas d’étouffement de la personne concernée sous un tas de déchets écroulé. Cela favorise également l’apparition d’animaux nuisibles et de mauvaises odeurs qui peuvent à leur tour enclencher des conflits de voisinage ou avec les bailleurs, parfois violents.
Une négligence de l’hygiène corporelle et domestique.
Comme nous l’avons évoqué plus haut, le défaut d’hygiène domestique et très souvent personnel (même si sur ce second point des exceptions ont été observées) est le second grand symptôme de Diogène. En clair, la personne atteinte ne se soucie pas de son apparence ni de sa santé, et ne ressent pas le besoin de se laver ou de nettoyer son logement.
Cela peut entraîner de fortes odeurs désagréables, nous l’avons dit, mais aussi une dégradation sensible de l’apparence de la personne atteinte. Cela peut notamment se traduire par une absence d’hygiène capillaire, des ongles non coupés et noirs, des vêtements négligés, voire abimés, mais aussi par des blessures inexpliquées et des infections cutanées causées par ce mode de vie.
Un isolement social prononcé
L’isolement social est autre symptôme marquant du syndrome de Diogène. Dans les faits, la personne atteinte se retire volontairement de la vie sociale et refuse toute aide extérieure. Elle se coupe de ses proches, ne sort plus de chez elle ou très rarement, ne répond pas au téléphone ni au courrier, et rejette toute tentative d’intervention des services sociaux ou sanitaires. Elle vit dans le déni de son état et ne se plaint pas de sa situation. Cet isolement peut avoir des conséquences graves sur sa santé physique et mentale et complexifie la prise en charge de la personne par des services sociaux et/ou médicaux.
Un changement radical de personnalité
Le dernier symptôme principal caractérisant le syndrome de Diogène est le changement radical de personnalité qui se manifeste. La personne atteinte devient timide, paranoïaque, irritable, agressive, suspicieuse ou indifférente. Elle perd le sens des valeurs et des normes sociales, et se désintéresse de tout ce qui ne concerne pas son accumulation. Elle éprouve une distorsion de la réalité, une perte des repères spatio-temporels et une altération du jugement. Ce changement de personnalité peut être dû à des troubles psychiatriques, neurologiques ou cognitifs qui devront être traités conjointement avec la prise en charge de la personne.
En résumé, le syndrome de Diogène est un trouble du comportement qui se manifeste par une accumulation compulsive d’objets, une négligence importante de l’hygiène, un isolement social prononcé ainsi qu’une modification du comportement. Il touche principalement les personnes âgées isolées, mais peut aussi être associé à d’autres maladies mentales ou à des chocs émotionnels. Ses symptômes sont souvent difficiles à repérer et à traiter, car la personne atteinte ne reconnaît pas sa maladie et refuse toute aide. C’est pourquoi il est essentiel proposer une prise en charge globale et personnalisée aux personnes concernées, en respectant bien sûr leur dignité et leur autonomie.