Les personnes atteintes du syndrome de Diogène, ou syllogomanie compulsive, entassent dans des proportions extrêmes des objets et détritus de toutes sortes dans leur lieu de vie. À ceci s’ajoute le plus souvent un manque d’hygiène personnelle qui se cumule avec celui du logement ainsi qu’un isolement social, plus ou moins prononcé selon les individus concernés. Tous ces facteurs conjugués font peser une véritable épée de Damoclès sur la personne atteinte, mais aussi pour son voisinage, en créant une accumulation de risques, tant sanitaires et mentaux que physiques.
Les risques sanitaires
Le syndrome de Diogène expose les personnes qui en souffrent à de nombreux risques sanitaires, liés à la fois à la négligence de leur hygiène personnelle et à l’insalubrité de leur logement.
D’une part, l’accumulation d’objets et de déchets favorise la prolifération de bactéries, de virus, de parasites, de champignons, d’insectes et de rongeurs. Ces présences indésirables et malsaines augmentent dangereusement les risques d’infections, d’allergies, de piqûres ou de morsures.
Il arrive aussi souvent que les fenêtres se retrouvent obstrués par des amoncellements d’objets où soient rendues opaques par la saleté. Et il est tout aussi fréquent que les aérations finissent bouchées par un mélange compact de poussières, de graisses et de moisissures. Ce qui peut engendrer un manque d’aération et de lumière, créant un environnement humide et sombre, propice au développement de moisissures et à la dégradation des matériaux.
Ces conditions peuvent aussi entraîner des problèmes respiratoires, cutanés, digestifs ou oculaires, ainsi qu’une intoxication au monoxyde de carbone ou au plomb.
Par ailleurs, les personnes atteintes du syndrome de Diogène négligent fréquemment leur alimentation et leur hydratation, ce qui est vecteur de carences, de déshydratation, de dénutrition ou d’anorexie.
Il arrive également qu’elles en viennent à consommer des aliments périmés ou contaminés, ce qui augmente de fait le risque d’intoxication alimentaire ou encore de parasitose.
Enfin, la propension des personnes souffrant du syndrome de Diogène à s’isoler et à refuser toute aide médicale ou sociale rend difficile le dépistage comme le traitement d’éventuelles maladies chroniques ou aiguës.
Selon une étude menée en 2017 par l’association Survivre à l’insécurité (consacrée à l’accompagnement des personnes atteintes du syndrome et à leurs proches, basée dans la capitale) : les personnes souffrant du syndrome de Diogène présentent un taux de mortalité deux fois plus élevé que la moyenne. Il a aussi été constaté que les principales causes de décès dans cette frange de la population sont infectieuses, cardiovasculaires ou tumorales.
Syndrome de diogène : les risques physiques
Le syndrome de Diogène expose les personnes qui en sont les victimes à des risques physiques importants, liés à l’encombrement et à la vétusté de leur logement.
En effet, l’accumulation d’objets et de déchets réduit l’espace vital et entrave la circulation dans les pièces. Cela peut provoquer des chutes, des blessures, des fractures ou des écrasements, autant de risques qui peuvent avoir une issue fatale et entraîner le décès, ou de sérieuses séquelles, comme des accidents passés nous l’ont malheureusement démontré…
De plus, le poids excessif des objets entassés peut fragiliser les structures du logement et entraîner des effondrements ou des fissures. Par ailleurs, les personnes atteintes du syndrome de Diogène négligent souvent l’entretien et la sécurité de leur logement. Elles peuvent ainsi être confrontées à des problèmes électriques, de plomberie, de chauffage ou d’isolation. Ces problèmes multiplient sensiblement les risques d’incendies, d’inondations, de coupures d’électricité ou de gaz, ou encore de variations extrêmes de température.
Toujours selon l’étude précédemment citée, les personnes souffrant du syndrome de Diogène sont victimes d’accidents domestiques quatre fois plus fréquemment que la moyenne nationale. Elles sont également beaucoup plus exposées aux risques d’incendie ou d’inondation. De plus, les conflits de voisinage, très fréquents comme nous le verrons plus loin, qu’engendre le syndrome de Diogène peut, dans certaines situations, déclencher des confrontations physiques et des agressions, qu’il sera crucial de prévenir et d’anticiper.
Les risques collectifs
Le syndrome de Diogène n’affecte pas seulement les personnes qui en souffrent, mais aussi leur entourage et leur voisinage. En effet, l’accumulation d’objets et de déchets dans un logement peut avoir des conséquences néfastes sur la salubrité publique et la sécurité civile. Par exemple :
- Les odeurs nauséabondes qui se dégagent du logement peuvent incommoder les voisins ou les passants.
- Les insectes ou les rongeurs qui infestent le logement peuvent se propager aux habitations voisines ou aux espaces publics, et transmettre des maladies ou des parasites.
- Les déchets qui s’accumulent peuvent attirer des personnes malveillantes ou indésirables, qui peuvent profiter de la vulnérabilité de la personne atteinte du syndrome de Diogène pour la voler, l’agresser ou l’exploiter.
- Les problèmes électriques, de plomberie ou de chauffage qui affectent le logement peuvent endommager les installations communes ou les réseaux de distribution, et provoquer des coupures ou des fuites.
- Les incendies ou les inondations qui se déclenchent dans le logement peuvent se propager aux logements voisins ou aux bâtiments adjacents, et mettre en danger la vie des occupants ou des secours.
La même étude de l’association “ Survivre à l’insécurité “, montre les personnes souffrant du syndrome de Diogène sont à l’origine de troubles du voisinage dans 80 % des cas. Elles sont également impliquées dans 10 % des incendies d’habitation en France.
Syndrome de Diogène : les risques de dégradation de la santé mentale et cognitive du sujet
Le syndrome de Diogène est souvent associé à d’autres troubles mentaux ou neurologiques, qui peuvent être à l’origine ou à la conséquence de ce comportement.
En effet, les personnes souffrant du syndrome de Diogène peuvent être atteintes de divers troubles tels que :
- Des troubles psychotiques, comme la schizophrénie ou la paranoïa, qui se manifestent par des délires, des hallucinations, une méfiance excessive ou un retrait de la réalité.
- Des troubles obsessionnels compulsifs (TOC), qui se traduisent par des pensées intrusives, des rituels répétitifs, une anxiété ou une culpabilité excessive.
- Des troubles dépressifs, qui se caractérisent par une tristesse, une perte d’intérêt, une fatigue, une faible estime de soi ou des idées suicidaires.
- Des troubles neurologiques, comme la maladie d’Alzheimer, les accidents vasculaires cérébraux ou les tumeurs cérébrales, qui entraînent des pertes de mémoire, des troubles du langage, du raisonnement ou du comportement.
Tous ces troubles associés ont tendance à aggraver le syndrome de Diogène en renforçant l’isolement social, le déni de la situation, le refus d’aide ou la détérioration du jugement.
Ils peuvent enfin être aggravés par le syndrome lui-même, en limitant l’accès aux soins, en altérant la qualité de vie ou en favorisant le développement d’autres complications. Il a en effet été observé que les individus souffrant du syndrome de Diogène présentent un trouble mental associé dans 90 % des cas et que les risques de développer une démence sont aussi plus élevés chez ces personnes.