Face à la situation d’une personne atteinte du syndrome de Diogène, ou de syllogomanie avancée, il est nécessaire d’intervenir et de l’accompagner pour vider sa maison des objets et des déchets accumulés. C’est la condition sine qua non qui permettra de lui rendre un cadre de vie sain et sécurisé. Cependant, cette intervention est loin d’être facile à réaliser, car elle implique bien entendu de respecter les droits et la dignité de la personne, tout en tenant compte de sa résistance au changement et du déni de son état. Pour que la prise en charge remplisse cet objectif, il faudra le plus souvent faire appel à des intervenants extérieurs qualifiés pour se faire accompagner, sur le plan social, psychologique et sanitaire. En clair, il ne faut absolument hésiter à se tourner vers les accompagnants sociaux et psychologiques, ainsi qu’à des nettoyeurs spécialisés comme nous pour effectuer le nettoyage et l’éventuelle désinfection du logement impacté.
Vider maison syndrome Diogène : les étapes à suivre
Pour pouvoir mener à bien le débarras d’une maison encombrée ou rendue insalubre par le syndrome de Diogène, quelques étapes doivent être respectées. Durant ce processus, il ne faudra pas brusquer la personne atteinte du syndrome de Diogène et surtout arriver à obtenir son consentement, voire sa participation dans le processus de réhabilitation de son logement.
Prise de contact, pédagogie et instauration d’une relation de confiance sans exprimer un jugement moral
Il s’agira ici d’établir un contact apaisé avec la personne et d’évaluer sa situation. Cela induit de nouer une relation de confiance avec la personne, de lui expliquer les raisons et les modalités de l’intervention, de lui demander son consentement et de respecter son rythme. De plus, cette prise de contact doit se dérouler, du début à la fin de la prise en charge, sans exprimer de jugement moral de quelconque manière que ce soit. Et ce, afin de ne pas renforcer le sentiment de honte et de ne pas susciter un repli supplémentaire de la personne atteinte par le syndrome.
L’objectif parallèle de cette prise de contact sera d’évaluer d’une part le niveau d’encombrement de la maison, le type et la quantité d’objets et de déchets à enlever. D’autre part, on cherchera aussi à déterminer les risques sanitaires ou sécuritaires présents, notamment les risques d’incendie, d’inondation, d’étouffement ou d’intoxication (par exemple à cause d’une chaudière et/ou d’une aération défectueuse). Mais aussi de constater l’état d’insalubrité du logement comprenant la présence éventuelle de nuisibles.
Faire appel à des spécialistes pour le débarras, le nettoyage et l’assainissement du logement
La deuxième étape, tout aussi importante, sera de faire appel à des professionnels qualifiés et expérimentés pour effectuer un débarras complet, sécurisé et respectueux de la dignité de la personne atteinte.
Nous insisterons sur ce point. Évitez absolument d’opter pour un prestataire de nettoyage classique qui ne dispose ni du matériel, ni des compétences nécessaires et encore moins du savoir être requis dans ce type de situation humaine complexe.
Il est en effet nécessaire d’être en mesure d’évaluer le volume et la nature des objets à enlever. Mais aussi de trier les objets récupérables, (incluant les documents importants) des déchets sans valeur, de nettoyer et de désinfecter les lieux, et enfin de valoriser ou recycler les objets dans le respect des normes en vigueur. Par ailleurs, des nuisibles pourraient avoir trouvé refuge dans le domicile.
Accompagner la personne dans le tri de ses effets et lui apporter si besoin un accompagnement social et psychologique
La troisième étape consiste à accompagner la personne dans le processus de débarras et à lui proposer un soutien psychologique. Il s’agit de
- Prendre en compte les choix de la personne sur les objets qu’elle souhaite garder ou se débarrasser,
- l’aider à faire le tri et à se séparer des objets sans exercer de violence ni d’attiser ou de susciter un sentiment culpabilité, de lui offrir un espace d’écoute et d’expression, etc.
Rendre le logement à nouveau habitable
La quatrième étape consiste à réaménager la maison et à lui redonner une fonctionnalité. Il peut ici s’agir de :
- Remettre en état les installations électriques, sanitaires ou autres,
- réparer les éventuels dommages causés par l’encombrement ou le débarras,
- remeubler et de redécorer la maison selon les goûts et les besoins de la personne, etc.
Pourquoi obtenir le consentement de la personne atteinte du syndrome de diogène pour vider une maison est impératif ? Quelles sont les exceptions ?
Le consentement de la personne atteinte de syllogomanie extrême, ou syndrome de Diogène, est impératif pour débarrasser son logement, car il s’agit de respecter ses droits et sa dignité. En effet, la personne atteinte de ce trouble a souvent une forte attachement à ses objets et à son mode de vie, qu’elle considère comme un choix personnel et non comme un problème. Elle peut aussi avoir peur de perdre son identité ou sa sécurité en se séparant de ses objets. Si on intervient sans son consentement, on risque de lui causer un traumatisme, de renforcer sa méfiance ou son hostilité envers les autres, ou encore de provoquer une rechute ou une aggravation de son trouble. De plus, en dehors des cas abordés plus bas, cela consiste une violation de propriété privée.
Il existe cependant des exceptions où le consentement de la personne n’est pas requis pour débarrasser son logement. Ces exceptions sont liées à des situations d’urgence ou de danger, où la santé ou la sécurité de la personne ou de son entourage est menacée.
- Si la personne est incapable de discernement, c’est-à-dire qu’elle ne peut pas comprendre les conséquences de son trouble ou exprimer sa volonté : on peut faire appel à un tuteur ou à un curateur pour prendre la décision à sa place.
- Si la personne est sous tutelle ou sous curatelle renforcée, et qu’elle a été placée sous la protection d’un mandataire judiciaire qui gère ses biens et ses actes : il faut demander l’autorisation du juge des tutelles pour procéder au débarras.
- Si la personne présente un danger pour elle-même ou pour les autres, autrement dit qu’elle risque de se blesser, de s’intoxiquer, de provoquer un incendie ou une inondation, ou encore d’attenter à la sécurité ou la vie d’autrui : cela peut justifier l’intervention des services d’urgence ou des forces de l’ordre pour permettre l’évacuer des objets et des déchets.
- Si la personne est en infraction avec la loi ou la règlementation, c’est-à-dire qu’elle ne respecte pas les normes d’hygiène, de salubrité ou de sécurité imposées par les autorités sanitaires, administratives ou judiciaires : il est possible demander l’exécution forcée des mesures prescrites par ces autorités pour assainir le logement.
Malgré ces possibilités législatives, il est néanmoins recommandé de toujours essayer d’entamer le dialogue avec le soutien éventuel d’intervenants extérieurs (associations, services sociaux, psychologues…). Pourquoi ? Au-delà des considérations éthiques et morales de respect de la dignité humaine, cela peut faciliter le processus. D’autant que ces recours peuvent prendre du temps et nécessitent des démarches fastidieuses.
Vider la maison d’une personne atteinte du syndrome de Diogène : quel accompagnement ?
Le débarras de la maison ne permet pas à lui seul de résoudre le problème du syndrome de Diogène, bien qu’il en constitue une part importante et nécessaire.
Il est en parallèle primordial d’accompagner la personne dans un processus de réinsertion sociale et lui offrir un suivi médical et psychologique adapté à ses besoins. À cette fin, il est indispensable de mobiliser un réseau pluridisciplinaire composé de médecins, d’infirmiers, de travailleurs sociaux, de psychologues ou encore d’associations spécialisées (voir notre article dédié ici).
L’accompagnement de la personne atteinte du syndrome de Diogène vise à lui proposer :
- Un bilan de santé complet afin d’évaluer et de prescrire les soins nécessaires pour traiter ses éventuelles pathologies physiques ou mentales,
- une thérapie individuelle ou de groupe pour l’aider à comprendre les causes et les conséquences de son trouble, à modifier ses croyances et ses comportements, à renforcer son estime de soi et sa confiance en soi, etc.
- Des activités sociales, culturelles ou ludiques pour l’aider à rompre son isolement, à renouer des liens avec sa famille ou ses amis, à développer ses centres d’intérêt, etc.
- Un accompagnement administratif et financier pour l’aider à gérer son budget, à payer ses factures, à bénéficier de ses droits, refaire des papiers importants perdus ou dégradés, etc.