Le syndrome de Diogène est un trouble du comportement complexe qui peut être révélateur de nombreux troubles. C’est le cas pour la schizophrénie qui est une maladie mentale chronique qui affecte la perception de la réalité, le langage, la pensée, les émotions et les relations avec autrui. Ces deux conditions sont-elles liées ? Quels sont les facteurs de risque, les symptômes et les traitements possibles ?
Les causes du syndrome de Diogène
Les causes du syndrome de Diogène sont multiples et mal connues. Il peut s’agir d’un trouble primaire, c’est-à-dire sans cause organique ou psychiatrique identifiable, ou d’un trouble secondaire, c’est-à-dire associé à une autre pathologie. Parmi les facteurs pouvant favoriser l’apparition du syndrome, on peut citer :
- Des facteurs biologiques : des lésions cérébrales (traumatismes crâniens, accidents vasculaires cérébraux, tumeurs, etc.), des troubles neurodégénératifs (maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson, etc.), des troubles endocriniens (hypothyroïdie, diabète, etc.), des troubles métaboliques (carences vitaminiques, déshydratation, etc.), des troubles infectieux (syphilis, VIH, etc.), des troubles génétiques (syndrome de Prader-Willi, syndrome du X fragile, etc.), des troubles hormonaux (ménopause), etc.
- Des facteurs psychiatriques : des troubles psychotiques (schizophrénie, trouble délirant persistant, etc.), des troubles de l’humeur (dépression, trouble bipolaire, etc.), des troubles anxieux (trouble obsessionnel compulsif, phobie sociale, etc.), des troubles de la personnalité (personnalité schizoïde, personnalité paranoïaque, personnalité borderline, etc.), des troubles du spectre de l’autisme, des troubles du contrôle des impulsions, des troubles addictifs (alcoolisme, toxicomanie, etc.), etc.
- Des facteurs psychologiques : des traumatismes (abus sexuels, violences physiques ou psychologiques, deuils, etc.), des conflits (séparation, divorce, rupture familiale ou amicale, etc.), des stress (chômage, retraite, maladie, etc.), des difficultés d’adaptation (immigration, changement de milieu de vie, etc.), des troubles de l’identité (genre, orientation sexuelle, etc.), des troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, etc.), etc.
- Des facteurs sociaux : un isolement social (absence ou perte de liens familiaux, amicaux ou professionnels), une précarité sociale (pauvreté, chômage, exclusion sociale), une marginalisation sociale (stigmatisation, discrimination), une solitude affective (célibat, veuvage), un manque de soutien social (absence ou insuffisance d’aide extérieure), une perte de repères sociaux (changement de culture, de langue, de religion), etc.
La schizophrénie : une maladie mentale sévère
La schizophrénie est une maladie mentale chronique qui affecte environ 1 % de la population mondiale. Elle se manifeste généralement à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Elle se caractérise par des symptômes positifs et négatifs.
Les symptômes positifs sont des manifestations psychotiques qui altèrent la perception de la réalité. Il s’agit notamment :
- Des hallucinations : il s’agit de perceptions sensorielles sans objet réel. Elles peuvent toucher tous les sens (audition, vision, olfaction, goût, toucher). Les plus fréquentes sont les hallucinations auditives (entendre des voix qui commentent les actions ou les pensées du sujet, qui lui donnent des ordres ou qui dialoguent entre elles).
- Des délires : il s’agit de croyances erronées et inébranlables. Ils peuvent être de différents types (paranoïaques, mégalomaniaques, mystiques, persécutifs, etc.). Ils entraînent souvent un comportement bizarre ou dangereux pour soi-même ou pour autrui.
- Des troubles du langage : il est question d’anomalies du discours qui rendent la communication difficile. Il peut s’agir d’un manque de cohérence logique (incohérence), d’un manque de sens commun (absurdité), d’un manque de rapport avec le contexte (digression), d’un usage impropre des mots (néologismes), d’une répétition excessive des mots ou des phrases (persévération), d’une pauvreté du vocabulaire (alogie), etc.
- Des troubles du comportement : il s’agit d’actes inhabituels ou inadaptés. Il peut s’agir d’une agitation motrice excessive (stéréotypies), d’une absence totale de mouvement (catatonie), d’une opposition systématique aux sollicitations extérieures (négativisme), d’une imitation automatique des gestes ou des paroles d’autrui (échopraxie ou écholalie), d’un rire ou d’un pleur sans raison apparente (incongruence affective), etc.
Syndrome de Diogène et schizophrénie : une association fréquente
Le syndrome de Diogène et la schizophrénie sont deux troubles qui peuvent coexister chez une même personne. Selon une étude menée en France en 2011, la prévalence de la schizophrénie chez les personnes atteintes du syndrome de Diogène serait de 24 %, soit près d’un quart des cas. Ce chiffre est nettement supérieur à la prévalence de la schizophrénie dans la population générale (1 %), ce qui suggère une association significative entre les deux troubles.
Toutefois, le lien entre le syndrome de Diogène et la schizophrénie est complexe et controversé. Il existe plusieurs hypothèses pour expliquer cette association :
- L’hypothèse causale : selon cette hypothèse, la schizophrénie serait la cause du syndrome de Diogène. En effet, les symptômes psychotiques (hallucinations, délires, troubles du langage et du comportement) pourraient entraîner une négligence de soi-même et de son environnement, une accumulation compulsive d’objets et de déchets, un isolement social et un refus de toute aide extérieure. De plus, les symptômes négatifs (apathie, anergie, anhédonie, émoussement affectif) pourraient renforcer ces comportements et empêcher le sujet de prendre conscience de son problème ou d’accepter un traitement.
- L’hypothèse conséquentielle : selon cette hypothèse, le syndrome de Diogène serait la conséquence de la schizophrénie. En effet, la maladie mentale pourrait entraîner une rupture des liens sociaux, une perte des repères et des valeurs, une stigmatisation et une exclusion sociale. Ces facteurs pourraient favoriser l’apparition du syndrome de Diogène chez les personnes schizophrènes, qui trouveraient dans l’accumulation d’objets et de déchets un moyen de se créer un univers personnel et rassurant, ou de se protéger des menaces extérieures.
- L’hypothèse indépendante : selon cette hypothèse, le syndrome de Diogène et la schizophrénie seraient deux troubles indépendants, qui partageraient des facteurs communs. En effet, les deux troubles pourraient avoir des origines biologiques, psychiatriques, psychologiques ou sociales similaires. Par exemple, des lésions cérébrales, des troubles neurodégénératifs, des troubles de la personnalité, des traumatismes ou des stress pourraient être impliqués dans le développement du syndrome de Diogène ou de la schizophrénie.
Le syndrome de Diogène et la schizophrénie sont deux troubles qui touchent des personnes vulnérables et marginalisées. Ils représentent un défi pour les professionnels de santé et les acteurs sociaux, qui doivent faire face à la complexité et à la diversité des situations. Ils soulèvent également des questions éthiques et juridiques sur le respect de la dignité et de l’autonomie des personnes concernées. La prise en charge du syndrome de Diogène et de la schizophrénie nécessite une approche pluridisciplinaire et personnalisée, qui tienne compte des besoins et des attentes du sujet. Elle implique pareillement une coordination entre les différents intervenants (médecins, infirmiers, psychologues, travailleurs sociaux, familles, associations, etc.) et une mobilisation des ressources disponibles (médicales, sociales, juridiques, financières, etc.).