Une confusion est souvent opérée entre la syllogomanie (l’accumulation excessive d’objets) et le syndrome de Diogène qui sont tous deux le fruit de troubles mentaux. Comme nous le verrons plus loin, la syllogomanie est un trouble mental à part entière, et l’un des éléments constitutifs du syndrome de Diogène, de plus, ils ne touchent pas forcément les mêmes catégories de personnes. Pour y voir plus clair, nous allons donc vous donner la différence entre syllogomanie et Diogène. Nous y aborderons au passage les conséquences négatives qu’ils entraînent tous deux chez les personnes atteintes.
Y a-t-il une réelle différence entre syllogomanie et syndrome de Diogène ?
Tirée du grec ancien “súllogos”, qui signifie rassemblement, la syllogomanie est aussi dénommée sous le terme de “thésaurisation pathologique”. Elle désigne une accumulation compulsive et pathologique d’objets. A contrario d’un collectionneur, cette accumulation concerne des objets souvent hétéroclites et sans lien avec leur valeur, ni même leur utilité. Il est d’ailleurs assez fréquent, sans être systématique, que cet entassement aille jusqu’à inclure des déchets. Dans tous les cas, les syllogomanes éprouveront la plus grande difficulté à se séparer de ces objets, voire une réelle souffrance à l’idée même de devoir le faire.
La thésaurisation pathologique vient rapidement impacter négativement la vie de la personne atteinte
Cette accumulation compulsive viendra vite déborder sur l’espace de vie, qui en viendra à se réduire jusqu’à une portion congrue dans les cas les plus extrêmes, rendant le logement invivable. Les espaces de vie seront dans ce cas tellement obstrué et désorganisé qu’ils deviendront impraticables, servant essentiellement à stocker des objets amassés. À titre d’illustration, des amoncellements de journaux peuvent obstruer l’évier, recouvrir le plan de travail, la cuisinière et le sol de la cuisine, empêchant toute utilisation de celle-ci pour la préparation des repas. Cela impactera donc sérieusement le fonctionnement de la personne atteinte dans son quotidien, pouvant aller jusqu’à déborder sur les études ou la vie professionnelle.
De surcroit, les amas d’objets entraveront, voire rendront impossible, le maintien d’une hygiène convenable, tant sur celle du logement que de la personne atteinte elle-même. Et ce, en particulier si la salle de bain est envahie, ce qui est fréquemment le cas. Dès lors, une fois ce seuil atteint, cela entraînera d’autres problématiques. Il est ainsi fréquent que la personne refuse alors de recevoir des personnes à son domicile. Car elle peut ressentir de la honte ou de la culpabilité face à sa situation. Ce qui peut, hélas, contribuer à engendrer un isolement social.
Surtout, le déficit de propreté au sein du logement, qui peut vite devenir insalubre et infesté par des parasites et des moisissures, fait peser de sérieux risques sur la santé de son occupant. Mais pas seulement, car l’entassement augmente également les risques d’incendie et d’inondation dans l’habitat concerné. Enfin, cette situation peut couramment entrainer frictions et conflits avec le voisinage. Ce dernier sera en effet légitimement incommodé par les éventuelles odeurs et parasites qui s’échapperont de l’habitation.
Comme nous le verrons plus loin, la syllogomanie est une des composantes du syndrome de Diogène. Et bien que chacun diffère de l’autre sur certains points et ne concerne pas la même tranche d’âge sur le plan statistique, ils partagent certains points et problématiques en commun. En particulier ces enjeux d’hygiène, de santé et de sécurité, sans oublier les risques d’isolement social et de conflit avec les voisins.
Une affliction présente dans l’ensemble de la population qui se déclenche souvent lors de l’adolescence
D’un point de vue statistique, la syllogomanie touche entre 2 et 6 % de la population adulte, avec une prévalence d’environ 2 % chez les adolescents, mais avec une légère prédominance chez les femmes. Cependant, dans la population globale, on observe à contrario une légère prédominance masculine. Les premiers signes de cette maladie apparaissent généralement à l’approche de l’adolescence et elle devient chronique, avec une nette tendance à s’aggraver avec le temps. Les crises de cette maladie sont souvent liées à des chocs émotionnels, un autre point commun partagé avec le syndrome de Diogène, aussi fréquemment déclenché par la perte d’un être cher. Enfin, sans suivi médical ni traitement, les symptômes se poursuivront tout au long de la vie, avec peu ou pas de changement.
Qu’est-ce que le syndrome de Diogène ?
Le syndrome de Diogène est, comme la syllogomanie, un trouble mental caractérisé par une accumulation excessive et compulsive d’objets, de déchets et de détritus dans l’espace de vie de la personne atteinte. Le terme de “syndrome de Diogène” vient du philosophe grec Diogène de Sinope qui prônait un mode de vie minimaliste et austère, mais n’a pour autant aucun lien direct avec le trouble mental en question. Les personnes atteintes de ce syndrome ont, ici aussi, tendance à vivre dans des conditions d’insalubrité extrême, souvent associées à un manque d’hygiène personnelle, qui peut entraîner de graves risques pour leur santé.
Les personnes souffrant du syndrome de Diogène ont tendance à s’isoler socialement et peuvent refuser de recevoir des visiteurs chez eux, en raison d’un sentiment de honte ou de gêne face à leur situation de vie. À l’instar de la syllogomanie, les risques d’incendie, d’inondation et de conflits avec le voisinage sont élevés, car les amoncellements d’objets et de déchets peuvent obstruer les voies d’évacuation et émettre des odeurs nauséabondes. Le syndrome de Diogène est souvent associé à d’autres troubles psychologiques tels que l’anxiété, la dépression, la schizophrénie et le trouble obsessionnel compulsif (TOC).
Quelle est la différence entre syllogomanie et le syndrome de Diogène
Bien que la syllogomanie et le syndrome de Diogène présentent des similitudes, ils diffèrent sur certains points. La majeure différence entre la syllogomanie et le syndrome de Diogène est caractérisée par un manque de discernement quant à la valeur ou l’utilité des objets accumulés, ce qui entraîne souvent l’accumulation de déchets et de matériaux dangereux. Les personnes atteintes de ce syndrome sont également confrontées à des problèmes d’hygiène personnelle, de comportement social et d’isolement plus graves que les syllogomanes. En outre, le syndrome de Diogène touche en grande majorité les personnes âgées, bien que des quadras et des quinquagénaires puissent être atteints. Les observations les plus récentes ont d’ailleurs tendance à montrer que la moyenne d’âge diminue depuis quelque temps. Enfin, la prise en charge des personnes atteintes de ces troubles doit être différenciée, car elle diffère selon le diagnostic et les difficultés particulières de chaque patient.