Le syndrome de Diogène est souvent associé à la démence, une perte progressive des capacités cognitives. Mais quelle est la nature de ce lien ? Le syndrome de Diogène est-il une conséquence ou une cause de la démence ? Ou bien s’agit-il de deux troubles indépendants ? Cet article tente de faire le point sur cette question complexe.
Qu’est-ce que la démence ?
La démence est un terme générique qui regroupe plusieurs maladies neurodégénératives, qui entraînent un déclin progressif et irréversible des fonctions cognitives. Les fonctions cognitives sont les compétences mentales qui permettent de percevoir, de comprendre, de raisonner et d’agir dans le monde. Parmi ces fonctions, on peut citer la mémoire, le langage, l’attention, la logique, le jugement ou l’orientation.
Il existe plusieurs types de démence, selon la zone du cerveau affectée et les symptômes associés. Les plus fréquentes sont :
- La maladie d’Alzheimer, qui représente environ 60 % des cas de démence. Elle se caractérise par une perte progressive de la mémoire à court terme, puis à long terme, ainsi que par des troubles du langage, du raisonnement et des fonctions exécutives.
- La démence vasculaire, qui représente approximativement 20 % des cas de démence. Elle est due à une mauvaise irrigation sanguine du cerveau, qui provoque des lésions cérébrales. Elle se manifeste par des troubles cognitifs variables selon la localisation et l’étendue des lésions.
- La démence fronto-temporale, qui représente environ 10 % des cas de démence. Elle affecte principalement les lobes frontaux et temporaux du cerveau, qui sont impliqués dans le contrôle des impulsions, la planification, l’organisation et la régulation des émotions. Elle se traduit par des changements de personnalité et de comportement, ainsi que par des troubles du langage.
- La démence à corps de Lewy, qui représente environ 5 % des cas de démence. Elle est causée par l’accumulation anormale de protéines dans les neurones, appelées corps de Lewy. Elle se caractérise par des troubles cognitifs fluctuants, des hallucinations visuelles, des troubles du sommeil et des symptômes parkinsoniens.
La démence touche environ 50 millions de personnes dans le monde, et ce nombre devrait tripler d’ici à 2050. La démence affecte surtout les personnes âgées, avec une prévalence qui augmente avec l’âge. Elle peut aussi toucher des personnes plus jeunes, mais c’est plus rare. La démence est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes, et elle est plus répandue dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Quel est le lien entre le syndrome de Diogène et la démence ?
Le lien entre le syndrome de Diogène et la démence est encore mal compris. Il n’existe pas d’études épidémiologiques qui permettent d’évaluer la fréquence du syndrome de Diogène chez les personnes atteintes de démence, ni la fréquence de la démence chez les personnes atteintes du syndrome de Diogène. Les études existantes sont souvent basées sur des cas cliniques isolés ou des échantillons réduits, ce qui limite leur généralisation.
Certaines études suggèrent que le syndrome de Diogène serait plus fréquent chez les personnes souffrant de démence fronto-temporale. Cette hypothèse repose sur le fait que la démence fronto-temporale provoque des altérations des lobes frontaux et temporaux du cerveau, qui sont responsables du contrôle des impulsions, de la planification, de l’organisation et de la régulation des émotions. Ces fonctions sont essentielles pour maintenir une bonne hygiène personnelle et domestique, ainsi qu’une vie sociale satisfaisante. La démence fronto-temporale peut aussi entraîner des changements radicaux de personnalité et de comportement, qui peuvent se rapprocher de ceux observés chez les personnes atteintes du syndrome de Diogène.
D’autres études ne confirment pas cette association et estiment que le syndrome de Diogène serait plutôt lié à d’autres facteurs psychologiques ou sociaux. Ces facteurs peuvent être un choc émotionnel, une dépression, une solitude, une précarité ou une personnalité particulière. Le syndrome de Diogène pourrait alors être considéré comme une réaction adaptative à une situation difficile, plutôt que comme un symptôme d’une maladie neurologique.
Il se pourrait aussi qu’il existe plusieurs formes ou sous-types du syndrome de Diogène, avec des causes différentes. Certains auteurs proposent une classification basée sur trois critères : l’origine du syndrome (primaire ou secondaire), le type d’accumulation (syllogomanie ou collectionnisme) et le niveau d’insight (conscience ou non du problème). Selon cette classification, le syndrome de Diogène primaire serait un trouble indépendant, sans cause organique identifiable. Le syndrome de Diogène secondaire serait un trouble consécutif à une autre pathologie, comme la démence. Le syndrome de Diogène syllogomaniaque serait une accumulation compulsive d’objets sans valeur ni utilité. Le syndrome de Diogène collectionniste serait une accumulation compulsive d’objets ayant une valeur subjective ou objective. Le syndrome de Diogène avec insight serait un trouble où la personne reconnaît son problème et accepte l’aide extérieure. Le syndrome de Diogène sans insight serait un trouble où la personne nie son problème et refuse toute aide extérieure.
Il est donc difficile d’établir une relation causale entre le syndrome de Diogène et la démence. Il faudrait réaliser des études plus larges et plus rigoureuses pour mieux comprendre ce lien. Il faudrait aussi développer des outils diagnostiques spécifiques pour le syndrome de Diogène, afin d’améliorer sa détection et sa prise en charge.